La boîte à spectacles

« The Shed » ? Un centre d’art télescopique  sacrément gonflé !

Nul doute que Spider-Man tissera volontiers sa toile jusqu’aux coussins d’air de la façade matelassée du « Shed » (Le hangar) : un centre artistique totalement inédit inauguré en avril dernier au milieu de six gratte-ciels flambant neufs. Et ce sont les mêmes prolifiques maîtres d’œuvre de la « High-Line » qui ont élaboré cet ovni culturel. « Son architecture d’infrastructure est tout en muscle, sans aucun gras », vante Elizabeth Diller, cofondatrice de l’agence Diller Scofidio + Renfro. L’architecte en chef du « Shed » a accouché avec le groupe Rockwell, d’un gros bébé joufflu de 35 mètres de haut et qui pèse sur la balance un demi milliard de dollars de coût de conception et de construction.

Des concerts à la carte pour 3 250 spectateurs.

Accordéon. Changez tout ! Voici le leitmotiv de ce complexe culturel deux-en-un d’un nouveau genre qui fera sans doute date dans la chronologie artistique et muséale de ce début de XXIe siècle. Son originalité ? Plurielle ! L’équipe d’architectes a en effet greffé dans les entrailles du Bloomberg Building (un des mécènes du projet), un bâtiment modulable de huit niveaux totalisant quelques 18 500 mètres carrés. Ce qui distingue ce hangar intelligent est qu’il est revêtu d’une coque extérieure télescopique (3 600 tonnes de verre et d’acier) montée sur des roues géantes, qui, grâce à la technique, peut se déployer hors de sa base en coulissant sur des rails. Une fois en action, la carapace vitrée de ce véritable « couteau Suisse » double l’emprise au sol en venant recouvrir l’esplanade du square adjacent. De quoi permettre une transformation à la carte et en mode express : à peine cinq minutes suffisent pour étirer ou rétracter la monumentale structure encastrable de cette salle bis.

David Rockwell et Liz Diller, iconoclastes architectes du Shed.

Polyvalence. Avec, à l’arrivée, la flexibilité de pouvoir accueillir simultanément sous un même toit un large éventail de manifestations très différentes les unes des autres : pièces de théâtre (500 places), expositions d’art contemporain, de sculptures ou de peintures, médias digitaux, concerts, spectacles de danse, défilés de mode, conventions d’entreprise, etc.

La jauge du « McCourt », cette salle couverte éphémère supplémentaire : 1 250 places assises et 2 000 debout ! « Nous voulions faire un bâtiment flexible avec un caractère architectural fort. Un bâtiment si souple et polyvalent qu’il puisse s’adapter à un avenir encore inimaginable. Si flexible que même sa superficie peut être modifiée. Comme l’art existe dans toutes les tailles, pourquoi devrions-nous nous engager à construire un bâtiment de taille fixe ? New York n’avait pas d’entité culturelle à la fois grande et petite, intérieure et extérieure », confiait ainsi récemment Liz Diller au quotidien suisse Le Temps. « Le Shed a été construit afin de pouvoir dépasser les frontières entre les arts », vante David Rockwell, visiblement ravi de son pari réussi : une nouvelle conquête de l’ouest, à même de regrouper désormais des publics très différents au sein d’un même espace culturel futuriste. Gonflé !

Emmanuel Monvidran

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